mardi 26 juin 2007

TEMOIGNAGE D’AUSCHWITZ

J'ai visité Auschwitz-Birkenau, émue, vigilante, attentive aux explications. Et mes souvenirs du camp seront à jamais sans doute, associés à leur image. Quelques heures sur place à arpenter le cœur serré, entre les baraquements et les ruines, cet espace de mort et de froid, tout en silence et en noir et blanc.

Depuis notre enfance, on nous explique cette guerre et le processus de la solution finale. A force, on nous désensibilise, on banalise ces crimes. Ce n'est pas le but recherché mais les tas de cadavres et les photos de charniers désindividualisent les morts…on en oublie l'homme…Ce qui m'a touchée profondément, c'est la photo de famille ou le portrait d'avant la guerre sous lesquels on peut lire" aucun d'entre eux n'est revenu." Maintenant quand je pense à cette visite…je revois des visages, des traits heureux et des traits tirés, tristes et faméliques. Je revois le regard sombre, fixe et débordant de douleur d'un enfant… Ces morts, je partage leur malheur et leur désespoir..

Je n'arrivais pas à réaliser l'horreur qui s'étalait devant moi…mais lorsque j'ai vu de mes propres yeux deux tonnes de cheveux ternis par les années, entassés dans une vitrine… A combien de corps appartenaient à ces cheveux.

Penser que derrière chaque paire de chaussures, chaque mèche de cheveux, une personne était vivante…Tout cela n'est pas facile à réaliser .

Avant de partir, je ne comprenais pas bien comment des êtres humains avaient pu infliger à d'autres de telles atrocités; après ce voyage, je le comprends encore moins.

Dans le camp, on ne pense plus à rien, on regarde silencieusement, on essaye d'analyser les situations …mais cela semble tellement inhumain. Comment l'homme a-t-il pu infliger de telles souffrances? Chaque détail qu'on nous livre nous écrase.

Une étendue de blanc,
derrière des barbelés,
devant nous s'étend.
Mes mains sont gelées.
Par un vent terrifiant,
je me demande comment,
Eux presque sans vêtements
pouvaient-ils survivre,
quand le froid nous enivre.
Eux, auraient-ils pu être nous,
persécutés, à genoux,
dans le sang et la boue,
sous le joug de la mort:
J'y pense et j'en frissonne encore.
Si je veux en parler
C'est pour ne pas oublier;
Et pour que nos enfants
Ne puissent connaître de tels camps.

Nous sortons de ces camps avec un devoir de mémoire à transmettre à plus de gens possible. La vue de tels lieux nous fait aussi réfléchir sur les conflits actuels et l'avenir.

H.A

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