mardi 26 juin 2007

" Une chose m'a supris..."

Avant de franchir la barrière pour entrer dans Auschwitz I, on pouvait voir ecrit au dessus « le travail rend libre », en allemand ,quelle peine quand on voit ce que sont devenu tous ces gens; quand on sais tout ce qui s'est passé je trouve ça horrible d'écrire une telle chose. Etrangement, Auschwitz I ressemble à un petit village , et c'est d'ailleurs choquant car on n'arrive pas trop à s'imaginer ce qui c'est vraiment passé dans ce lieu. Ce lieu était une ancienne caserne, c'est pour cela que l'apparence est ainsi.

A peine entré à l'intérieur du camp, j'ai aperçu, cette barre de fer devant la longue avenue où on faisait l'appel le soir, cette barre servait à pendre des personnes...un peu plus loin dans une impasse, je vis un poteau en fer, et quelques minutes plus tard quand la guide expliqua à quoi il servait, j'ai eu comme des frissons dans tout le corps. Ce poteau servait à accrocher des personnes qui avaient fait un complot et d'autres choses dans le même genre, on accrochait une personne dessus, et on la laissait là pendant quelques jours, et au bout d'un moment tous les os de la personne se brisaient. Quelle torture impensable, comment peut on faire une chose pareille ?

Nous avons « visité » le block 11, j'en avais déjà entendu parler, le block de la torture et de la souffrance, c'est l'un des blocks les plus terribles. Le lieu a gardé sa spécificité, il y a des reproductions dans les couloirs, mais le pire reste à venir, nous sommes allés dans le sous-sol, les prisons, l'angoisse me monte dans le corps, tout le monde regarde un peu partout avec attention...nous découvrons les petites prisons où les SS enfermaient sur une toute petite surface les déportés, cela m'a énormément bouleversé, car les SS entassaient des dizaines de personnes jusqu'à temps qu'il n'y ait plus de place. Les gens y souffraient et y mouraient d'étouffement car il n'y avait pas de fenêtre. Une autre pièce du sous-sol m’a choqué encore plus, on y entra et l'on vit 2 toutes petites pièces, on pouvait y entrer par une petite porte qui se trouvait au sol, mais quand on a su à quoi servaient ces deux petites pièces, je n'arrivais pas à imaginer la chose, on faisait entrer 4 personne dans l'une de ces pièces de 1 mètre carré, un mètre carré! Les personnes à l'intérieur ne pouvaient ni s'accroupir, ni s'assoire, elles devaient rester debout à quatre, jour et nuit, et de temps en temps, après une longue journée de travail. HORRIBLE, je n'arrive pas à imaginer comment on peut faire cela à des êtres humains, c'est invraisemblable.

Aujourd’hui quelques blocks sont devenus des musée. Quand on visite le block des vitrines, on ne parle plus, on regarde, on est impressionné et choqué. Les vitrines montrent des tas d’objets triés par catégorie. Un million de personnes, ce n'est qu'un chiffre, mais quand on voit les 2 tonnes de cheveux, je peux dire que cela fait mal, mal d'imaginer...mal de se représenter, mal pour les personnes qui ont vécu cela. On voit là, en face de nos propre yeux ,des cheveux qui date de 60 ans et encore il n'y avait pas la totalité des cheveux...ils tissaient, ils tissaient des toiles, fabriquaient des matelas avec, comment peut-on faire ça!

Une chose m'a surpris dans l'une des vitrines, une tresse, une belle tresse coupée à une petite fille innocente, la douleur monte en moi, le calme m'entoure car tout le monte reste silencieux en voyant toutes ces vitrines...Je restais tout aussi muet devant les autres vitrines du lieu, les chaussures, des monts de chaussures..., des plats de cuisson, les peignes, les valises, autant d'objets...

Avant d'aller dans le camp de Birkenau, nous avons été voir un wagon, pour pouvoir se représenter comment les gens étaient transportés et qu'est ce qu'ils devaient subir après l'horrible voyage. Déjà le wagon ressemblait étrangement à un wagon à bestiaux...de plus la hauteur pour y descendre était vraiment impressionnante, sachant, que les déportés venaient de faire un long et difficile voyage. Puis quand on voyait à quelle distance se trouvait les camps et que l'on savait que les gens à peine avoir fini le voyage devaient marcher jusqu'à l'un de ces camps dans 1 mètre de neige à pied nu, je peux vous dire que c'est courageux, oui je pense que ces personnes devaient être très courageuses, car cela m'aurait très fortement gêné de marcher une telle distance pour aller jusqu’au camp, alors que MOI, j'avais des chaussures et un blouson chaud..., je l'aurais tout de même fait mais ce que je veux dire c'est que de nos jours on se plaint quand on marche une petite distance…

Enfin voilà, après avoir vu ces wagons, nous nous sommes rendus à Birkenau. En voyant à peine l'entrée, le nom qu’on lui a donné lui va très bien même après 60 ans... « le couloir de la mort ».Cette entrée me faisait vraiment penser à la mort surtout quand on sait ce qu'il s'y est passé!

La première chose qui m’a choqué quand nous sommes entrés dans ce camp, c'était son immensité, c'était vaste, on ne voyait pas l'autre bout du camp, on apercevait des baraquements, bien séparés. Nous avons vu l'endroit où les nazis sélectionnaient les gens aptes à rester. Nous avons ensuite été à l'intérieur d'une des baraques où couchaient les personnes déportées. C'est bizarre, des lits superposés où on pouvait dormir à trois et plus dans un lit. Il n'y avait pas la moindre isolation, sachant que les hivers en Pologne sont assez froids surtout en ce temps là, ce devait être très difficile de vivre dans un tel endroit, toujours dormir dans le froid, avec une toute petite couverture trouée que l'on devait partager...il y avait un chauffage, mais les nazis ne l'allumaient pas même l'hiver, sauf de temps à autre.

Nous avons ensuite été dans une autre baraque, celle où l'on faisait ses besoins et où on se lavait. Les toilettes étaient toutes regroupées, à peine séparées de 10 cm chacune. Qu'est-ce que cela devait être humiliant pour toutes les personnes... .

Plus tard nous avons été à l'autre bout du camp où l'on a vu les crématoires, ils étaient détruits mais bon, je suis rester là en pensant à tous ces gens morts pour n'avoir rien fait. Nous avons vu le crématoire qui a été explosé par des déportés. Je fut très heureux que certaines personnes ne se soient pas laissés abattre, j'avais une certaine fierté en moi, j'étais fier que des déportés aient détruit l'un des crématoires...

En marchant dans le camp, on pouvait voir des sortes d'étangs, ils servaient principalement à jeter les cendres des gens qui furent brûlées, quelle peine de procéder ainsi.

Nous avons fait une minute de silence avec d'autres classes et avec Ida Grinspan qui était présente, quel courage a cette femme. Elle a le courage de venir dans un camp de concentration et d'extermination avec ce qu'elle a vécu. Elle était venue une après-midi au lycée pour nous raconter son histoire, j'étais très attentif à ce qu'elle disait, et je n’ai d'ailleurs pas hésité à lui demander une dédicace sur mon livre, une dédicace que je n'oublierai pas.

Donc nous étions entrain de faire une minute de silence à la mémoire de tous les déportés...c'est très émouvant, tout le monde autour de vous reste silencieux, pas un mot, le vent souffle, et même quand on finit la minute de silence, personne ne parle, chacun continue à penser, à penser de ce qu'il s’est passé, car même si cela fait maintenant 60 ans, il ne faut en aucun cas oublier et raconter, oui raconter à tous les gens que l'on connaît notre expérience, pour ne pas oublier et pour que les gens soient conscients car plus tard les gens comme Mme Grinspan qui ont vécu cela ne seront plus avec nous et personne ne pourra témoigné sauf nous...les déportés qui ont survécu, ne veulent pas qu'on oublie.

« Pour Janvier qui transmettra, j'espère le témoignage d'aujourd'hui, bien amicalement

I.Grinspan »

J.C

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